Le festival Very Bad Mother a eu lieu à Concarneau les 31 juillet et 1er août 2021. Un week-end féministo-punk pour célébrer les parentalités alternatives avec un titre et une comm’ aussi prometteurs (voir flyer ci-dessous), ça valait le détour et on y est allés en famille.
Alors, autant vous le dire tout de suite, ça n’a pas plu aux hommes de la famille qui ont préféré aller à la plage escalader les rochers. Ma fille et moi, en revanche, y avons passé du temps avec plaisir et curiosité.
Comment ça se présentait ?
Un programme alléchant sur lequel on bavait toutes depuis longtemps (reporté pour cause de confinement) alors j’avais envie de tout faire, tout écouter évidemment. A l’arrivée, on voit tout de suite le décor auto-géré avec des chapiteaux pour les selaouit (discussions en petits cercles), des roulottes éparpillées et même un bus anglais à deux étages, un camping improvisé gratuit à l’arrière, un méga-panneau « séparation de l’église et de ma chatte » en plein milieu et des stands buvette/bouffe avec une proposition de cuisine vegan à prix libre.
Le public est à 95% composé de nanas et, en tant que meuf, ça donne un sentiment de reliance. Tout le monde te sourit et te tutoie. Tu sens aussi que ça a été pensé par des nanas, avec des petites attentions dans ce paysage punk : des toilettes sèches en nombre suffisant et PMR, une B.A.R. (Brigade Anti Relous) qui circule, des petits pots de paillettes à dispo au bar pour se maquiller, une garderie auto-gérée avec méga autonomie des enfants, de la gratiféria mère-enfant, des selaouit qui commencent par une proposition et un check des participants pour voir s’ils sont OK avec ça…
Bref, on sent un immense respect et une orga méticuleuse.
Mais de quoi on a parlé?
Alors, il y avait à la fois un côté festif et un côté sérieux : des concerts et spectacles en soirées et des cercles de discussion en journée. Au programme : l’envie de réinventer la parentalité, de relier diverses parentalités, de mettre en pratique l’intersectionnalité : des parents handis, des parents solo, des parents homos, des parents transgenres, des parents non-scos… ont pu échanger sur des sujets de discussions comme « pour des maternités révolutionnaires », « non-désir d’enfants » ou encore « place des enfants dans les luttes et les non-mixités », animées par des personnes directement concernées par le sujet qu’elles abordent.
Autant de sujets essentiels qui sont trop souvent relégués au rang d’anecdotes ou traités par des journalistes cherchant à tout prix du contenu. Là les intervenants avaient tous le souci de donner la parole aux participants, laissant la discussion évoluer au gré des interventions plutôt que d’essayer de donner dans la conférence magistrale. On sentait aussi, du côté des participants, une grande curiosité, une envie d’apprendre des trucs sur de nouveaux sujets. Et tout ça, c’était chouette !
Au final, j’ai davantage ressenti l’aspect féministe militant que le côté parentalités. Il y avait d’ailleurs peu d’enfants par rapport au nombre de participants, même si les ateliers prévus pour les enfants valaient leur pesant d’or : décore ta cagoule (puis plein d’enfants cagoulés qui courent partout), prépare l’apéro pour tes parents, fais ta BD non-genrée, boum avec musique à la demande choisie par les enfants… Le tout animé et géré par le collectif militant rennais La Bulle qui intervient d’habitude pour garder les enfants pendant les manifs.
Quelle suite pour ce festival ?
C’était la première édition et elle n’a pas vocation à être reproduite, en tous cas pas sur le même lieu ni avec la même équipe organisatrice. L’idée est plutôt d’essaimer partout en France et au-delà. Avis aux intéressés ! L’équipe organisatrice de cette édition annonce déjà plancher sur un Very Bad Vieillir consacré à l’âgisme au printemps 2023.
De notre côté, on est reparties avec des adresses de copains plein les poches et des paillettes sur les joues et dans les yeux.
