« C’est l’heure des Télétubbies, c’est l’heure des Télétubbies, c’est l’heure des Télétubbies, c’est l’heure des Télétubbies. Tinky Winky (Tinky Winky), Dipsy (Dipsy), Laa-Laa (Laa-Laa), Po (Po), Télétubbies (Télétubbies) disent bonjour. Tinky Winky, Dipsy, Laa-Laa, Po, Télétubbies (Télétubbies), gros câlin. »
Cette incroyable ritournelle, d’une minute pas plus, qui semble avoir été composée par un gamin de 8 ans sous LSD, a servi de générique aux 365 épisodes d’un célèbre divertissement britannique créé en 1997 et destiné aux tous petits : les Télétubbies.
Derrière ce nom ridicule et ambivalent (contrairement à sa consonance phallique, Télétubbies est en fait un néologisme formé à partir des mots « télévision » et « tubby », rondouillard en anglais) se cachent une bande de quatre personnages tous plus inquiétants les uns que les autres, des sortes de grosses peluches colorées au visage bombé, aux oreilles proéminentes, au regard angoissant causé par l’absence de pupilles et au ventre doté d’un petit écran de télévision.
Les Télétubbies, c’est quatre masses informes et pataudes répondant au nom de Tinky Winky, Dipsy, Laa-Laa (le chanteur de la bande) et Po (homme des plaines, très certainement).
Le premier, tout de violet vêtu, un triangle inversé sur la tête, trimballe à l’occasion un sac à main en vinyle rouge, probablement pour aller se faire de l’argent au bois le plus proche, les jours de disette. Cet accessoire lui a d’ailleurs valu d’être considéré par tout ce que la Terre compte d’intégristes comme un agent pédéraste œuvrant à la corruption morale des plus jeunes.
Le camarade Dipsy, quant à lui, a une très belle touche avec sa tige sur la tête et son costume vert. Plus basané que les autres, à mi-chemin entre le marron et le jaune, il sert de faire-valoir pour l’exportation de la série hors de la sphère occidentale.
Laa Laa, cela ne saute pas aux yeux, est une fille, même si les Télétubbies sont asexués à en juger par l’absence d’attributs génitaux. Le jaune est sa couleur. C’est le rayon de soleil du groupe. Elle adore jouer avec un ballon de naissance orange – elle se serait fait engrosser par TinkyWinky que ça m’étonnerait guère.
Po complète le quatuor. Ne vous fiez pas à son nom, car ce dernier membre n’est pas italien ou plutôt italienne. Po est en effet une petite fille. Ses créateurs ont eu le mérite de ne pas l’affubler de rose, mais de rouge. Elle porte un anneau sur la tête, pratique pour jouer au basket ou autre jeux d’adresse.

Fais un bisou !
Les Télétubbies, ces joyeux drilles à l’allure interlope, que font-ils de leurs journées ? Figurez-vous qu’ils passent l’essentiel de leur temps dans un décor de carton-pâte, à sautiller en riant bêtement au moindre prétexte, à jouer à des jeux trépidants ou manger de succulents gâteaux. Surtout, nos lascars débordent d’affection et n’hésitent pas à demander des câlins aux insouciants téléspectateurs…
Après m’être enquillé d’indescriptibles heures de vidéos sur Youtube, je fais le constat suivant : les Télétubbies n’ont rien à envier à Jason Voorhees, Ghostface, Ça et consorts, le sang en moins ; les Télétubbies ressemblent aux membres de Slipknot, en plus calme et sans instruments de musique ; les Télétubbies, c’est un univers digne du Village des damnés, en plus criard ; les Télétubbies, c’est l’histoire d’un épisode des Bisounours qui aurait mal tourné.
En 2015, un internaute américain a eu l’idée géniale de publier sur Twitter une photo du quatuor, en noir et blanc, levant ainsi tout doute à leur sujet. Les peluches géantes ont ainsi montré leur vrai visage, celui de spectres terrifiants, de créatures démoniaques venues sur Terre pour semer la mort.

Viens te promener avec nous mon petit 🙂
En bon père de famille, j’ai (presque) toujours veillé à ce que mes enfants évitent de regarder ce genre de programme traumatisant. Seulement, parfois, le hasard, cet indécrottable petit farceur, met une petite embûche sur votre chemin.
Il y a peu, lors d’une balade familiale, nous sommes tombés sur des sacs contenant des vêtements divers et variés. Face à une telle aubaine, nous n’avons pas hésité, emportant les présents avec nous. De retour à la maison, tout fut déballé dans une atmosphère de joie et d’excitation, un peu comme le matin de Noël.
Ce moment d’allégresse s’arrêta net pour mon fils de 4 ans à la vue d’une poupée verte de 40 centimètres, au visage particulièrement abîmé, brûlé à plusieurs endroits, un œil fermé, l’autre à demi ouvert et la bouche comme tuméfiée. Le Destin venait de nous mettre en relation avec ce bon vieux Dipsy, ou plutôt son jumeau maléfique, Creepsy, une réplique colorée de Chucky.
Mon fils, guère enchanté par cette rencontre fortuite, les yeux révulsés de terreur, a mis plusieurs heures avant de reprendre ses esprits : il a ainsi passé le reste de la journée blotti entre sa mère et moi, et a même repris la tétée pour se redonner du courage, après des jours d’abstinence…

On n’est pas bien là ?
A l’heure où j’écris ces lignes, Creepsy dort sagement dans la buanderie, au milieu de planches et de cartons, à l’abri des regards. J’aurais aimé m’en débarrasser, mais mes deux autres enfants de 6 et 9 ans ont vivement insisté pour le garder. A deux voix contre une, la démocratie l’a emportée, mais rassurez-vous, le petit croit que l’objet de ses cauchemars a été réduit en pièce à la déchetterie et a retrouvé un sommeil paisible, jusqu’à une prochaine apparition surprise…
Florian Jourdain, 25 mars 2021
Excellent article, j’applaudis en gants blancs
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