Ah l’été indien, quel plaisir! Rien de mieux pour en profiter qu’une bonne aire de jeux coincée entre une route départementale assourdissante et un gros chantier bien dégueulasse (merci Patrice), le tout dans la poussière!

Tout semble se dérouler à merveille en ce milieu d’après-midi ensoleillé. Mon dernier mange des graviers, mon moyen dort à moitié par terre et ma grande joue pieds nus.

V’là t’y pas que tout à coup, à quelques centimètres de moi, venant briser ce décor de carte postale, je surprends une discussion fort sympathique entre trois enfants pleins de vie:

Enfant n°1, âgé de 5-6 ans environ, alias petit bourreau des beaux quartiers, s’adresse à une fillette de 3-4 ans: – Toi de toute façon ta mère elle est morte et elle est moche!

Enfant n°2, petite tortionnaire en robe à fleurs, en remet une couche en poussant la petite fille.

Enfant n°3, suppliciée, tente de se défendre comme elle peut: – Ma mère, elle est pas morte et elle est belle!

Ni une ni deux, j’interviens! J’enfile ma cape de Filliozot (le penchant masculin de sainte Isabelle) et vole au secours de la veuve de l’orpheline.

Au moment où tout le monde s’apprête à se disperser, Enfant n°1 souhaite me fournir un renseignement: – Moi, mon papa, il est mort et je suis même pas triste!

…

Florian Jourdain, 2 novembre 2017